Situation à l’été 2013

 Gaz de schiste: que dit le gouvernement, que disent les associations de défense de l’environnement : 

Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, provocateur comme à son habitude :

« S’interdire de connaître nos ressources et renoncer à chercher un moyen d’extraction écologique, ce n’est pas défendre l’environnement mais faire preuve d’un dangereux obscurantisme. »

Ou bien :

« A titre personnel, je suis favorable à une exploitation « écologique » des gaz de schiste par une compagnie publique. »

Commentaire de  Laurent Joffrin du Nouvel Observateur le 18 juillet 2013

« Le débat sur la pollution causée par le gaz de schiste est lui-même pollué par une menace grave : celle de l’irrationnel.

Ce gaz fort trivial a acquis dans une partie de l’opinion un statut diabolique qui paralyse toute argumentation. Pourtant, il faut savoir que dans la controverse qui vient d’agiter le monde politique Arnaud Montebourg a fourni une démonstration convaincante. Contrairement à ce qui a été dit, le ministre du Redressement productif ne s’est pas prononcé pour le gaz de schiste. Il a cité sans ambages les dégâts causés à la nature par une partie des forages réalisés depuis quelques années aux Etats-Unis. Il a rejoint en cela la position des écologistes, qui dénoncent l’exploitation hâtive et désordonnée de cette nouvelle manne énergétique…… « 

François Hollande :

L’été dernier en recevant à Brégançon une délégation d’associations de défense de l’environnement, le Président avait réaffirmé les propos du 20 juillet 2012 de la ministre de l’écologie Delphine Batho : « nous ne reviendrons pas sur l’interdiction de la fracturation hydraulique, seule technique utilisée à ce jour pour extraire le gaz de schiste ».

Rapport parlementaire :

Dans un rapport présenté en juin 2013, deux parlementaires, le député (PS) Christian Bataille et le sénateur (UMP) Jean-Claude Lenoir, à l’origine d’une étude sur les techniques alternatives d’extraction (pris en charge par L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), affirment être en faveur d’une fracturation hydraulique « améliorée », et ce malgré l’interdiction actuelle. Le rapport final est prévu pour l’automne 2013.

Clarification au sommet de l’Etat :

Une touche d’ordre en face de cette cacophonie : François Hollande et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault sont ensuite intervenus pour clarifier la position du gouvernement sur cette question. Dans son interview télévisée du 14 juillet, François Hollande a par ailleurs exclu l’exploitation du gaz de schiste pendant sa présidence.

F.N.E. (France Nature Environnement)

Dangereux pour la santé, l’environnement, le climat, les hydrocarbures non-conventionnels sont devenus le nouvel eldorado des compagnies pétrolières qui se voient octroyées depuis quelques années des permis de recherche sur le sol français. Pour FNE, il s’agit plutôt d’un miroir aux alouettes doublé d’une boîte de Pandore.

 

La seule technique connue à ce jour et utilisée aux Etats-Unis et au Canada, permet aujourd’hui d’atteindre les gisements d’hydrocarbures non-conventionnels. Le forage horizontal associé à la fracturation hydraulique de la roche est d’une violence extrême : il s’agit de creuser à la verticale puis à l’horizontale à plus de 2500 m de profondeur et de créer des micro-tremblements de terre souterrains pour fracturer la roche. Le liquide de fracturation, composé de sable, de produits chimiques (cocktail de 500 produits), des milliers de mètres cubes d’eau, est injecté sous-pression pour garder les fissures ouvertes et faire remonter le gaz à la surface. Un puits peut être fracturé jusqu’à 14 fois et de 7 à 20 millions de litres d’eau sont injectés à chaque fois. La faible quantité de gaz disponible dans la roche nécessite de creuser quasiment un puits tous les 100 mètres.

Les enjeux industriels, économiques et géopolitiques sont énormes, mais il ne faut pas oublier les impacts environnementaux et sanitaires au niveau local et global. En effet, les retours d’expérience sur cette nouvelle technique suscitent les plus grandes inquiétudes en termes d’environnement et de santé publique. Les volumes d’eau prélevés dans le milieu sont considérables mettant en grave danger d’approvisionnement des régions où cette ressource est déjà précieuse. Le liquide de fracturation contient plus de 500 produits chimiques dont la plupart ont des effets néfastes avérés sur la santé, des produits cancérigènes, mutagènes ou repro-toxiques. Seule une fraction de ce liquide est récupérée (30 à 70%) pour être traitée, le reste migre dans les diverses strates du terrain. Les micro-tremblements de terre lors de la fracturation peuvent provoquer des fuites de gaz qui contaminent les nappes phréatiques situées au-dessus des gisements ou même qui s’échappent le long du puits, mortels pour le bétail, la faune et les populations proches. Ces forages ont déjà provoqué la pollution de nappes phréatiques rendues impropres à la consommation aux Etats-Unis.

Conclusion :

Dans la sphère gouvernementale les avis sont partagés sur la délivrance de permis d’exploration et de prospection mais les pressions des industriels sont très fortes. L’Expresse du 31 juillet écrit : « Les X-Mines au charbon…Le Corps des Mines n’est pas un lobby auprès du pouvoir, c’est le pouvoir »

Plusieurs permis d’explorer sont en cours d’instruction et différentes juridictions sont sollicitées.

Qui gagnera la partie ? Soyons optimistes, croyons à la sagesse de nos gouvernants qui avec un peu de temps vont prendre conscience des dégâts écologiques que subissent certaines régions des Etats-Unis qui se sont lancées sans retenue dans cette course au trésor.

Croyons à l’action des associations de défense de l’environnement qui se dépensent sans compter.

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